Abrutitum administratum

Publié le par Narcisse

    L'administration et sa logique gordienne, ostensiblement zappée de mes pages, n'était qu'en sursis. Oui, aujourd'hui, j'ai été confronté à ce véritable fléau qu'est l'incompétence chronique des secretaires illettrées et des hôtesses d'accueil opératrices SMS et addictées au Sudoku, tailleur Pimkie et regard bovin de rigueur.

Il y a deux semaines, j'ai été contacté par l'ANPE qui me proposait un emploi à Armatis précédé d'une formation de de trois mois à l'AFPA. (Pour information, Armatis est un centre d'appel récemment implanté à Calais et l'AFPA un centre de formation).
La paresse en deuil et mes épisodes de Naruto en berne, je me rendis donc à l'agence nationale pour l'emploi la plus proche. Evidemment, la charmante dame que j'avais eu au téléphone ne m'avait pas précisé que je devais me rendre non pas à mon agence habituelle mais à l'autre, vachement plus loin pour mes pauvres compensés dont je ne cesse d'user la généreuse semelle à des fins inutiles plutôt qu'à laisser des traces de pneu sur les dancefloors enflammés.
Musique dans les oreilles et cheveux au vent, je partais donc d'un pas conquérant vers la-dite agence.

Les rues froides, teintées de gris par l'automne naissant et hantées par les carcasses sans âmes des passants défilaient autour de moi. Ma longue silhouette sombre traversait silencieusement la brumes de plomb qui s'apaississaitt dans le matin mourrant.
Puis la bâtisse jadis blanche apparut, aussi étincelante que les commodités de l'Intrepid Fox à Londres. J'y pénétrais sans enthousiasme, mais j'arborais tout de même un sourire poli de convenance. D'une voix aussi claire et assurée que possible, je récitais ce quasi-monologue tant de fois répété: "Bonjour, on m'a contacté par téléphone au sujet d'un éventuel CDD chez Armatis et on m'a demandé de déposé un CV ici, le voici donc."
M'exécutant, je sortis le papier et le tendit à la guichetière, en échange d'une esquisse de sourire forcé et d'un "Merci, on vous rappellera" trop souvent entendu.

Quelques jours plus tard, m'inquiétant  (mais sans plus, à Calais on est vite blasé) de l'absence de nouvelle, je décidais de remuer la fourmilière létargique de nos chers donneurs de faux espoirs. Je me rendais donc, une fois de plus, quérir le labeur chez la pythie du guichet.
Ses doigts blanchis par le froid régnant par la force des restrictions budgetaires glissèrent discrètement sous la tablette la grille de Sudoku à peine entamée, difficilement remplie par l'intense reflexion dont est capable une fonctionnaire de l'Etat inquisiteur mais motivée par l'ennui intense que seuls peuvent dispenser ces durs métiers administratif.
Je lui rappelais brièvement les raisons de ma venue.
"Bonjour madame, j'ai été contacté il y a presque deux semaines pour un éventuel CDD à Armatis et à ce jour, je n'ai aucune nouvelle."
Je m'apprettais à fustiger le manque de courtoisie dont font preuve les entreprises en ne prévenant pas les demandeurs d'emploi dans pareil cas lorsqu'elle me coupa asez grossièrement.
"Oui mais ce n'est plus de notre ressort, votre CV a été transmi à Armatis et l'AFPA, c'est donc à eux de vous contacter."
Je n'insistais pas outre mesure, cette gargouille surexistante, blottie derrière son guichet de style Ikea/années 70, confortablement protégée derrière son badge ANPE si durement acquis.

Une fois de plus, je parcourais la lande désolée des rues de Calais, le regard froid derrière mes lunettes d'étudiant en lettres que je ne suis pas. Arrivé dans le luxueux hall d'accueil d'Armatis, je me retrouais face à une jeunette bien mise, au visage agréable si courament répandu chez les jeunes femmes issues de la norme, jolie mais totalement dénuée de charme. Sa politesse et son amabilité me firent vite oublier l'écrasante fadeur de son physique, bien que sa vois n'en fut pas moins moins banale.
Une fois de plus, j'édictais les raisons de ma venue. La fin de ma requête fut ponctuée par une expression d'étonnement gêné, ce qui me fit sourire. Avec cette hésitation dans le ton et le léger bafouillement typique des réponses apprises, elle m'annonça que que c'était soit à l'ANPE, soit au centre de formation de me tenir au courant. Je décidais de couper court à cette navrante parodie admistrative et m'en fut en la remerciant, la pauvresse n'ayant rien d'autre à se repprocher que de n'être capable de de régurgiter sa répartie apprise en cas de casse-couille patenté.

Restait l'épreuve de l'AFPA. Blasé mais masochiste au point de vouloir entendre de mes propres oreille la réponse que je connaissais d'avance, j'arrivais dans le centre de formation miteux avec un sourire quasi extatique, heureux d'avoir matière à nourrir ma verve misanthropique et haineuse le soir même.


Maintenant, cher lecteur, à toi de répondre!

A gagner: une paire de sandalettes de plage en plastique bleu pailleté. (taille 32)

Publié dans Vomissures acides

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F
Mais pourquoi perds-tu ton temps à rechercher des boulots de m, n'as-tu pas plus d'ambition? Il vrai que nous devont tous manger mais avec le dixième de ton talent, je pense que n'importe qui pourrait aspirer à de plus prestigieuses fonctions. Quand vas- tu te bouger et nous pondre un best seller? Je viendrai même me le faire dédicacer à l'infernal.<br /> La gâchis ça me fout toujours autant la gerbe.<br />  
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N
Ton com me touche beaucoup, mais je me dois de faire une mise au point, au risque de m'attirer les foudres de ceux qui penses que je joue les martyrs t que c'est un prétexte pour en faire le moins possible.Oui, je sus un paresseux patenté et j'aimerais gagner ma vie à ne rien faire.Oui, j'ai plus d'ambition que bosser dans un centre d'appel ou un MacDo, mais mon CV ne eme permet pas de prétendre à autre chose (et c'est ma faute, j'en conviens).Je ne demande rie nde mieux de d'avoir un boulot sympa, un minimum plaisant (tout du moins, pas trop chiant ni fatiguant :-P) mais à Calais, c'est pas gagné. Bref, j'ai besoin d'argent pour décoler d'ici et trouver un job à ma mesure sur Paris, sinon je vais mourir.Un best-seller? Mouais, sur quoi? "Les rots acides de Narcisse, ou les déboires d'un bloggeur calaisien"... Desproge l'a fait avant moi, avec une verve plus acérée et un talent exceptionnel avec ses Chroniques de la Haine Ordinaire, et je ne tirerai aucune fiertée à le plagier.Enfin, merci de ton soutien et de ta fidelité à Shrapnel Impakt en tout cas.Rappel: vous vous m'envoyer vos dons, en chèque ou en espèce, même par PayPal si ça vous arrange.
U
hmm... l'anpe?<br /> Je crois qu'à 10 ans, nous chaussions les mêmes fifis dans nos folles quêtes cotières de quelconque coquillage coloré (magnifique allitération). Moi aussi, bleues avec des paillettes. Elles arboraient fièrement un crabe comme motif central, si mes souvenirs sont bons.<br /> C'est amusant. Il y a des choses dont on ne parle plus pendant des années et qui ressurgissent soudain. Les fifis. J'ai le leitmotiv de la fifi cette semaine, jte jure. Ca a commencé par une grosse barre avec Diane mardi. "Non moi je déprime pas, je suis heureuse de vivre *paf il pleut* Meeen fouuuus même si il pleut je souris!! youpiiiii!!!" et elle "ouaaaaaiiiis, je vais m'acheter des fifis à talons!!!". ahahahaha :'D Ca m'a trop fait rire, tellement j'avais oublié l'existence des sandalettes de plage. Elles me manquent ces fifis. Dommage que je chausse du 37...
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M
Ba voyez vous je vous repondrez bien, mais non seulement je chausse du 46 (et alors!) mais en plus vous n'avez pas les papier necessaire pour que je puisse formuler une requete officielle de reponse aupres de mon responsable... Bonne journee
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